Le cancer colorectal (CCR) touche plus de 42 000 de nos compatriotes chaque année et 18 000 personnes en décèdent après une ou plusieurs interventions chirurgicales et des traitements lourds comme la radiothérapie ou la chimiothérapie qui peuvent durer parfois plusieurs années. Même s’il est plus fréquent chez l’homme, c’est le 2ème cancer de la femme après le cancer du sein et le 3ème cancer de l’homme après les cancers du poumon et de la prostate.
Le CCR découvert au stade métastatique (dans 50% des cas dans notre pays en cas de symptômes) offre un taux de guérison de 5% en moyenne à 5 ans si les métastases ne sont pas résécables et de 20% lorsque les métastases peuvent être retirées chirurgicalement. Sans métastase les chances de guérison sont nettement plus importantes autour de 70 % et jusqu’à près de 100 % en cas de petit (cancer stade 1). La campagne de dépistage actuelle ne couvre pas toute la population puisque 5 à 10 % des cas surviennent avant 50 ans et 40 % après 74 ans, le risque augmente avec l’âge et continue à augmenter après 74 ans.
112 000 personnes sont hospitalisées par an dans notre pays pour subir un traitement du cancer colorectal dans notre pays, c’est la première cause d’hospitalisation pour cancer. Le cancer colorectal devient, après 85 ans, dans notre pays, la première cause de mortalité par cancer. Pourtant, ce cancer est évitable dans la majorité des cas si les lésions pré-cancéreuses sont dépistées et retirées lors d’une coloscopie. En effet les polypes (adénomes surtout) qui se développent pendant plusieurs années (8 ans en moyenne pour dégénérer en cancer) peuvent être dépistés et retirés au cours d’une coloscopie grâce à des instruments et des méthodes modernes. De nombreuses études ont démontré depuis de très nombreuses années que l’exérèse des polypes réduisait le risque de survenue du cancer de 70 à 90 % 5 ans après une coloscopie. La réalisation régulière d’une coloscopie permet d’éviter dans la quasi-totalité des cas un cancer colo-rectal.
Comment évaluer son risque de cancer colo-rectal ?
Tout le monde présente un risque de faire au cours de sa vie un cancer colo-rectal. Ce risque est plus ou moins important s’il existe des facteurs de risque, ces facteurs de risque s’additionnent, le risque moyen, en France est estimé entre 5 et 6 % de présenter ce cancer au cours de sa vie.
Il est important de connaître ses antécédents familiaux c’est à dire l’existence de cancers colorectaux et de polypes chez les collatéraux du premier, du 2e et jusqu’au 3e degré. Parfois les motifs et les résultats des interventions chirurgicales chez ses collatéraux réalisés il y a de nombreuses années ne sont pas bien connus et il est difficile d’obtenir des informations précises. Dans le cas où on ne peut pas savoir précisément il faut prendre l’hypothèse la plus péjorative et ne pas hésiter à considérer qu’il existe un cancer colorectal même si on n’en a pas la certitude.
En cas d’un antécédent au premier degré ou de 2 antécédents du 2e ou du 3e degré de cancers colorectal ou de gros polype, Il existe un risque plus élevé que celui de la population générale. Dans ce cas la coloscopie est recommandée à partir de 45/50 ans surtout s’il s’agit d’un premier degré.
Il existe ensuite des facteurs environnementaux qui sont liées aux habitudes de vie. Pour prévenir le cancer colorectal il faut éviter d’avoir une consommation pauvre en fibre, riche en viande rouge et en charcuterie, une consommation d’alcool et de tabac et d’une manière générale il faut éviter de prendre du poids et de se trouver en surcharge pondérale. L’activité physique joue également un rôle et la sédentarité est considéré comme un facteur de risque ainsi que le diabète. Il est donc important d’avoir une activité physique régulière 2 ou 3 fois par semaine.
Que faut-il faire en pratique ?
La SFED recommande de prendre un rendez-vous de consultation avec un gastro-entérologue ou un médecin généraliste impliqué dans la prévention à partir de 45/50 ans et d’évaluer avec lui son niveau de risque de cancer colorectal. Il existe un score assez simple d’utilisation mais qui ne prend pas en compte tous les facteurs de risque qui peut aider à évaluer son risque. S’il est supérieur à 5 une coloscopie est plutôt recommandée.
Le but de cette consultation est d’évaluer l’importance du risque de cancer colorectal, de vous donner des informations sur le dépistage organisé par le test de recherche de sang dans les selles et d’autre part de vous informer sur les modalités de réalisation, les risques et des capacités préventives de la coloscopie.
Avec l’ensemble de ces informations vous pourrez effectuer un choix éclairé entre les 2 principales méthodes de dépistage et de prévention que sont la recherche de sang dans les selles par test immunologique et la coloscopie.
Le rôle de l’endoscopie est donc majeur et protecteur vis-à-vis du développement de ce cancer. Elle permet de dépister les lésions précancéreuses constituées par les polypes et d’en faire une exérèse pendant le même temps par des techniques de polypectomie à l’aide d’une anse de mucosectomie après injection dans la paroi du colon ou de dissection sous-muqueuse pour les lésions de grande taille et sans chirurgie si l’infiltration de la paroi reste superficielle. Cette stratégie est la plus efficace pour prévenir le cancer colorectal car le risque de cancer est diminué de 70 à 90% à 5 ans.
La surveillance par coloscopie de contrôle permet ensuite de dépister et de traiter les polypes qui peuvent réapparaître par la suite et ainsi protéger de la survenu d’un cancer colo-rectal.
Il n’y a pas de limite d’âge pour être surveillé par coloscopie, seuls les ATCD personnels et le risque lié à l’anesthésie peuvent être des contre-indications.