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Introduction

Les recommandations relatives aux endoscopies digestives données pour les patients adultes sont dans leurs principes applicables en pédiatrie. Certaines particularités liées à l’âge et aux pathologies propres à la pédiatrie doivent être soulignées.

  1. Les indications : le Groupe Francophone d’Hépathologie Gastroentérologie et Nutrition Pédiatrique (GFHGNP) et la SFED recommandent que l’indication d’une endoscopie digestive chez un enfant soit posée par un pédiatre spécialisé en gastroentérologie maîtrisant l’endoscopie ou par un gastro-entérologue dans le cadre d’une collaboration avec un pédiatre spécialisé en gastroentérologie.
  2. Les contre-indications sont régies par les mêmes règles que chez l’adulte. Il s’agit des contre-indications absolues en cas de chirurgie digestive récente et état de choc (hémorragique ou septique) ou relatives en cas d’insuffisance respiratoire et cardiaque.
  3. L’information et le consentement : Information orale et autorisation écrite des 2 parents et si possible de l’enfant (selon son âge) précisant la nature du geste et la nécessité ou non de réaliser une anesthésie générale pour la réalisation de l’endoscopie digestive.

Détail

Les points techniques clés :

1. Dépendants de l’âge

La durée de la période de jeûne avant la réalisation de l’examen dépend de l’âge de l’enfant : 4 heures chez le nou- veau-né et jusqu’à l’âge de 6 mois, 6 heures entre 6 et 36 mois, et 8 heures pour l’enfant plus âgé.
Les accidents et les incidents sont plus fréquents chez

le nouveau né et le jeune nourrisson. Se méfier particulièrement :

  • de la tolérance au jeûne (hypoglycémie),
  • des risques de déshydratation (préparations coliques),
  • de l’hypothermie,
  • de l’hypoxie. La compression trachéale par l’endoscope est possible même chez un enfant intubé, l’insufflation peut être mal tolérée et provoquer une détresse respiratoire ; cette complication justifie le contrôle de la saturation transcutanée en oxygène au cours de l’endoscopie chez l’enfant.
    Les locaux doivent être adaptés à cette activité et en particulier chauffés et équipés en matériel de réanimation adapté aux enfants.

2. Les endoscopes doivent avoir une taille adaptée au poids et à l’âge de l’enfant

  • Gastroscopie:
    • < 3kg : utiliser exclusivement un néonatoscope
    • 3-10 kg : utiliser électivement un néonatoscope ou gastroscope pédiatrique (5 à 8 mm)
    • > 10 kg : néonatoscope, gastroscope pédiatrique ou gastroscope adulte
  • Coloscopie
    • < 2 ans : gastroscope pédiatrique (et jusqu’à 4 ans)
    • 2 à 12 ans : utilisation d’un coloscope pédiatrique (diamètre < 11 mm)
    • Après 12 ans : utilisation possible d’un coloscope adulte

3. Dépendants de la sédation ou de l’anesthésie

En cas d’endoscopie sous anesthésie générale. En accord avec les textes réglementaires et les recommandations des sociétés savantes, sauf urgence, une consultation d’anesthésie doit être réalisée au moins 48 heures avant l’acte. L’utilisation de médicaments sédatifs impose toujours de disposer du monitorage des constantes vitales (SaO2, fréquence cardiaque et respiratoire) avant, pendant et après la réalisation du geste endoscopique. Cette surveillance doit être renforcée chez le nourrisson avant 6 mois. La simple sédation est souvent impossible à réaliser chez les enfants de moins de 6 ans et ceux présentant un retard psychomoteur.
La présence de matériel de réanimation et des compé-tences pédiatriques pour sa mise en œuvre sont indispensables.

Examens réalisables sans sédation

  • Endoscopie haute. Avant 6 mois avec un néonatoscope, après une prémédication (sérum glucosé à 10 ou 30 % : 2 ml par kg). Permet d’éviter la surveillance cardio-respiratoire de 24h obligatoire après une anesthésie chez le nourrisson de moins de 6 mois.
  • Rectosigmoïdoscopie.Réalisée avec une prémédication, sous hypno-analgésie et/ou avec une sédation basée sur  l’utilisation du mélange équi-molaire oxygène-protoxyde d’azote (Kalinox®). La coloscopie est toujours réalisée sous anesthésie générale.

4. Préparation du colon en pédiatrie (voir fiche spéciale)

 

Les principales indications

  1. Endoscopie haute :
    1. En urgence:
      1. Hémorragies digestives graves (anémie, troubles hémodynamiques) : effectuée dans les 12  premières heures, l’endoscopie digestive haute permet le diagnostic lésionnel dans plus de 80 % des cas. A faire après pose de 2 voies veineuses, transfusion et stabilisation hémodynamique de l’enfant.

      2. Ablation des corps étrangers :

        Lorsqu’ils sont enclavés dans l’œsophage, l’endoscopie est d’autant plus urgente que l’enfant est symptomatique ou qu’il s’agit d’une pile bouton (cf corps étrangers digestifs, ingestion de piles). 

      3. Ingestion de produits caustiques (cf ingestions de caustiques).

      4. Exsufflation colique en cas de volvulus du sigmoïde ou d’Ogilvie

    2. Programmées:

      • Bilan étiologique de malabsorption : biopsies duodénales pour étude histologique et/ou étude enzymatique (intolérance aux sucres)
      • Douleurs abdominales pour recherche d’une œsophagite, ulcère ou gastrite (H pylori…)
      • Vomissements persistants : gastrite, ulcère, obstacle antro-pylorique ou duodénal …
      • Dysphagie
      • Diagnostic et surveillance de maladies digestives : maladies inflammatoires, endobrachyoesophage, œsophagite peptique, hypertension portale…
      • En cas de refus alimentaire, malaises inexpliqués du nouveau-né et du nourrisson, anémie ferriprive inexpliquée, une endoscopie peut être justifiée dans des indications limitées
      • Interventionnelles
        Extraction de corps étrangers (voir fiches : Ingestion de corps étrangers, Ingestion de piles)
        Gastrostomie percutanée endoscopique (voir fiche : Gastrostomies)
        Dilatation de sténoses œsophagiennes (voir fiche : Dilatation des sténoses œsophagienne chez l’enfant)
  2. Endoscopie basse

    Maladies digestives : maladies inflammatoires du tube digestif

    Bilan de rectorragies 

    Diarrhée chronique, entéropathie exsudative…

    Surveillance de polypose et polypectomie endoscopique (mêmes modalités que chez l’adulte)

     

    Sauf en cas de situation d’urgence, les autres gestes ne doivent pas être pris en charge en dehors des centres de référence ayant l’habitude de réaliser ces examens chez l’enfant ou chez l’adulte.  Il s’agit en particulier de la prise en charge endoscopique des hémorragies digestives, des sténoses de l’œsophage, de l’hypertension portale, de l’échoendoscopie et de la CPRE.


 

Références

1. Tringali A, Thomson M, Dumonceau JM et al. Pediatric gastrointestinal endoscopy: European Society of Gastrointestinal Endoscopy (ESGE) and European Society for Paediatric Gastroenterology Hepatology and Nutrition (ESPGHAN) Guideline Executive summary. Endoscopy. 2017 Jan;49(1):83-91

 2. Recommandations de la SFAR. C. Ecoffey, P. Aknin, G. Bazin et al. Recommandations pour les structures et le matériel de l’anesthésie pédiatrique. [réf. mise à jour le 11 avril 2013]. Disponible sur http://sfar.org/recommandations-pour-les-structures-et-le-materiel-de-l’anesthésie-pediatrique/ 

3. Kramer RE1, Walsh CM, Lerner DG and al. Quality Improvement in Pediatric Endoscopy: A Clinical Report From the NASPGHAN Endoscopy Committee. J Pediatr Gastroenterol Nutr. 2017 Jul;65(1):125-131.