Introduction
Utilisée en cas d’hémorragie digestive haute par rupture de varices œsophagiennes, ou gastriques sous cardiales, engageant le pronostic vital, et après échec de l’hémostase endoscopique, elle est posée selon la technique d’une sonde naso-gastrique. Elle permet la compression veineuse (tamponnement) des varices cardiales et œsophagiennes par le gonflement de ballonnets. Elle est munie d’un ballonnet gastrique et d’un ballonnet œsophagien (cf Photos).
Un système similaire est la sonde de Linton, équipée seulement du ballonnet gastrique (à large volume, environ 600ml).
Attention : La pose se fait sous contrôle médical, ainsi que le positionnement et le gonflement des ballonnets. Tout mauvais positionnement peut entraîner nécrose, perforation œsophagienne.
Contre indications :
- Chirurgie récente de la jonction œso-gastrique.
- Certaines sondes sont en latex et ne peuvent être utilisées chez un patient allergique.
Détail
Préparation de l’examen :
- Patient : dossier complet (consultation d’anesthésie, bilan biologique), bracelet d’identification, information, validation de la check list, installation du patient en position assise ou demi-assise, la tête baissée en avant, le menton contre la poitrine.
Si le patient est inconscient : le mettre en décubitus latéral gauche.Après avoir vérifié l’absence et/ou le retrait des prothèses dentaires du patient et lui avoir placé des alèzes de protection sous le menton, procéder à l’anesthésie locale pour désensibiliser la zone naso-pharyngée (sauf en cas de troubles de la conscience).
- Préparation de la table d’instrumentation :
- 1 sonde de Blakemore
- Anesthésiant en spray ou gel
- Lubrifiant hydrosoluble ou Silkospray®
- 1 stéthoscope
- Matériel de fixation de la sonde
- 1 poids de 250 à 500 gr (perfusion)
- 1 sac de vidange (sac à urine)
- 1 seringue 60 ml petit embout
- 1 seringue 60 ml embout gavage
- 1 source d’aspiration avec sondes d’aspiration
Déroulement :
- Vérifier l’intégrité de la sonde et sa date de péremption.
- Tester l’étanchéité des ballonnets de la sonde en les gonflant, voire en les immergeant gonflés dans l’eau afin de dépister d’éventuelles fuites
- Lubrifier la sonde abondamment (ex : Silkospray®).
- Anesthésier les fosses nasales par pulvérisation de Xylocaïne spray.
- Introduire la sonde par voie naso-gastrique, ballonnets vidés et enroulés autour de la sonde.
- Pousser la sonde au-delà de 65 cm des ailes du nez.
- S’assurer de la position intra-gastrique en injectant de l’air dans l’orifice d’aspiration gastrique de la sonde. Confirmer à l’aide d’un stéthoscope.
- Gonfler le ballonnet gastrique à l’air suivant un volume variable selon les fournisseurs (environ 140-250 ml chez l’adulte). Pour cela, s’aider d’une pince Kocher pour clamper le canal du ballonnet entre chaque inflation.
Attention : Certaines sondes peuvent être munies de valve anti-retour afin d’éviter le dégonflage des ballonnets.
- Tracter la sonde jusqu’à sentir une résistance correspondant à la compression cardiale par le ballonnet gastrique.
- Pour maintenir une traction, fixer un poids de 250 à 500 g (pochon de perfusion) à l’extrémité de la sonde.
- Fixer la sonde de façon fiable et confortable.
- Gonfler le ballonnet œsophagien à l’air suivant un volume variable selon les fournisseurs (environ 80-150 ml chez l’adulte). La pression mesurée avec un manomètre ne doit pas excéder 30 à 45 mm Hg.
- Bien obturer les canaux d’inflation avec les petits bouchons.
- Installer le patient en position légèrement semi-assise.
- Effectuer un contrôle radiologique de la sonde au lit.
- Noter l’heure de pose.
- Adapter un sac en déclive sur l’orifice d’aspiration et de lavage gastrique de la sonde afin de créer une aspiration douce.
- Aspirer régulièrement la bouche et la gorge car la salive ne peut s’écouler.
Surveillance spécifique (risque élevé de complications):
- Contrôler la pression des ballonnets toutes les heures.
- Le ballonnet œsophagien doit être dégonflé quelques minutes toutes les 6 heures afin d’éviter le risque de nécrose.
- La sonde est mise en place pour un minimum de 12 heures et un maximum de 72 heures.
J1 : Enlever la traction sur la sonde ½ heure toutes les 6 heures
J2 : Enlever la traction sur la sonde ½ heure toutes les 4 heures
J3 : Enlever la traction sur la sonde toutes les 4 heures pendant 2 heures
Complications :
- compression ischémique de la paroi œsophagienne : nécrose, perforation œsophagienne