Un visionnaire avant l’heure.
Notre Maître Paul Zeitoun est parti ce 23 décembre 2024 rejoindre des horizons lointains avec des idées plein la tête quelques jours avant ses 92 ans.
Cet homme, un combattant érudit, n’a cessé de développer des idées tout au long de sa vie et sa longue carrière.
Ayant fait ses études en Tunisie, il intègre ensuite la Fac de Médecine à Bichat à Paris, où il a épousé la voie de l’enseignement et de la recherche. Il arrive ensuite à Reims en 1974, où il prend la chefferie de service d’HGE dans ce jeune CHRU fraichement créé, en fait il crée le service d’HGE.
Paul Zeitoun est parti d’une page blanche. A cette époque tout était à faire ou presque. L’endoscopie existait à peine et nous ne voyions les images qu’à travers un endoscope optique qui avait la même taille que notre cornée ! Les HGE passaient le clair de leur temps à interpréter et faire de la radiologie barytée, c’était le début.
Paul a très vite compris que l’enseignement, la recherche et les évolutions technologiques étaient indissociables et nécessaires pour notre belle spécialité. De ce fait il n’a pas hésité à apprendre lui même l’endoscopie pour mieux l’enseigner, il avait réussi à « mentaliser » le geste endoscopique et c’était un des rares enseignants de l’époque qui arrivait à expliquer l’endoscopie en « théorie », ce qui était déjà très innovant pour l’époque.

11/01/1933 – 23/12/2024
Il savait raconter une histoire et retranscrire l’anamnèse des patients pour mieux les comprendre et pour mieux les soigner. On voit déjà son amour pour la plume et son don de narration, dont il fera usage plus tard.
Il a réussi à s’entourer de praticiens brillants qui ont permis l’essor et le développent de l’HGE dans notre région champardennaise. Paul ne laissait jamais personne indifférent et a su inculquer le « bon sens » à ses élèves durant toutes ces décennies. Ses phrases nous reviennent au quotidien.
Une autre particularité de Paul (il aimait bien qu’on l’appelle ainsi) était sa vision ultra-moderne de la relation entre la ville et l’Hôpital. En effet il ne faisait pas partie de ces médecins qui déclaraient la guerre entre le privé et le public. Il avait une conscience de la complémentarité de ces deux structures dans notre système de santé, raison pour laquelle il avait le respect et la reconnaissance de ses élèves du privé comme du public.
Oui Paul était un visionnaire et un homme moderne, aimant la musique, la pratiquant, la littérature et ayant commencé sa deuxième carrière d’écrivain jusqu’au dernier jour, après sa « retraite », un mot qui n’avait aucune signification pour lui ! Il disait toujours : « Je vis comme si j’allais vivre un jour ou cent ans ! »
Ils nous a appris autant sur la vie, la philosophie de la vie que sur l’HGE.
Son esprit vif nous manquera et nous le remercierons toujours.
Repose en paix Paul.
Dr Karl Tchirikhtchian et le CA de la SFED.