Rachel HALLIT, Tania EL KHOURY et Stanislas CHAUSSADE
Unité de Gastro-Entérologie, d’Oncologie et d’Endoscopie Digestive – Hôpital Cochin – 27, rue du Faubourg Saint-Jacques – Université de Paris, Paris, France.
e-mail de correspondance : stanislas.chaussade@aphp.fr.
> Abstract
La papillomatose œsophagienne diffuse est une affection rare, souvent de découverte fortuite lors d’une gastroscopie, chez des patients le plus souvent asymptomatiques.
Cette vidéo vise à aider à la reconnaissance de cette entité et décrit la prise en charge optimale vers laquelle nous devrions tendre.
- Mots-clés : papillomatose œsophagienne diffuse, HPV, mucosectomie, dissection sous-muqueuse, radiofréquence, vaccination, antiviral.
- Technique : endoscopie œso-gastro-duodénale.
- Matériel : gastroscope Fujifilm 700 avec BLI et LCI (Tokyo, Japon).
> Contexte
La papillomatose œsophagienne diffuse est une entité très rare, souvent de découverte fortuite, avec un nombre limité de cas reportés dans la littérature, et une incidence allant de 0,01 à 0.43 % (1).
Elle est caractérisée par des lésions œsophagiennes diffuses, blanchâtres et verruqueuses, étendues tout au long de l’œsophage.
L’étiologie de la papillomatose œsophagienne n’est pas entièrement comprise, mais il existe cependant deux hypothèses, l’une concernant les réactions inflammatoires telles que le reflux gastro-œsophagien et une autre impliquant l’association à une infection virale par le virus de l’HPV. On sépare les sérotypes à bas risque de transformation maligne [6, 11] et à haut risque [16, 18, 31, 33, 52, et 58] (2).
La prise en charge optimale de ces lésions n’est pas bien établie ; cependant, compte tenu du potentiel risque de transformation maligne, il est préférable de traiter ces lésions avec les différentes modalités endoscopiques disponibles avant de procéder à une prise en charge chirurgicale invasive (3).
De ce fait, si vous visualisez en endoscopie des lésions œsophagiennes étendues, de tailles différentes, a fortiori de couleur pâle ou blanchâtres, en forme de verrue avec des projections exophytiques, il faut évoquer le diagnostic de papillomatose œsophagienne diffuse. En chromoendoscopie électronique, comme par NBI, des vaisseaux en forme de lignes brunâtres sont souvent visibles (4).
Si vous avez évoqué une papillomatose œsophagienne, Il faut :
- réaliser des biopsies œsophagiennes avec un prélèvement virologique (PCR) à la recherche d’HPV et de son sérotype ;
- rechercher un déficit immunitaire par un dosage des immunoglobulines. En cas de déficit détecté, un phénotypage lymphocytaire doit être réalisé, avec un avis spécialisé (5) ;
- réaliser un examen ORL dans le but d’éliminer une papillomatose laryngée associée ;
- rechercher un syndrome génétique si le contexte est évocateur (syndrome de Goltz correspondant à une affection génétique autosomique dominante avec atteinte cutanée prédominante) (6,7).
> Prise en charge thérapeutique
Elle est complexe, et non standardisée. Elle fait appel à :
- une résection endoscopique des lésions par une mucosectomie au capuchon (8) ;
- une dissection endoscopique pour les lésions de plus grande taille ou suspectes de transformation dysplasique (9) ;
- un traitement par radiofréquence pour les lésions résiduelles couplée à une injection intra-lésionnelle de cidofovir (13) ;
- un traitement chirurgical en cas de suspicion de progression néoplasique non résécable par endoscopie.
> Messages importants
- Reconnaître l’aspect endoscopique de la papillomatose œsophagienne diffuse.
- Référer le patient à un centre expert en résection endoscopique œsophagienne.
> Références
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