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Avec près de 90 000 cas par an, les cancers d’origine digestive sont les cancers les plus fréquents dans notre pays. La grande majorité d’entre eux (cancer colorectal : 43 500 cas/an, cancer de l’estomac : 6 500 cas/an, cancer de l’œsophage : 5 500 cas/an, cancer du canal anal 2000 cas/an) peuvent être dépistés par l’endoscopie digestive. 
Le cancer du pancréas avec plus de 14 000 cas annuels est en forte augmentation ces dernières années, il est également une préoccupation importante et peut être dépisté par le diagnostic, la surveillance des lésions précancéreuses du pancréas par échographie, scanner, IRM et 
écho-endoscopie.
Le cancer du canal est moins fréquent mais peut être prévenu par le dépistage du traitement des lésions condylomateuses de l’anus. 
La bonne hygiène de vie (absence de surcharge pondérale, activité physique régulière, consommation d’alcool modérée, absence de consommation de tabac, de viande rouge et alimentation riche en fibre) peut permettre de réduire son risque de cancer digestif mais l’endoscopie, permettant de dépister les lésions pré-cancéreuses et d’en faire une exérèse en évitant la chirurgie, joue un rôle de prévention majeur.

Etant donné sa fréquence dans la population et dans 
la mesure où le diagnostic précoce peut permettre d’augmenter considérablement les chances de guérison au-delà de 90 %, le cancer colorectal fait l’objet d’un dépistage national par une stratégie médico-économique de santé publique. Le dépistage des lésions précancéreuses par la coloscopie (polype adénomateux ou adénomateux festonné sessile) permet, lui, de prévenir l’apparition du cancer puisque les lésions pré-cancéreuses apparaissent entre 5 et 10 ans avant le cancer colo-rectal. Tous les cancers colorectaux ont démarré par un petit polype adénomateux ou adénomateux festonné qui a lentement dégénéré. Ces lésions peuvent être retirées endoscopiquement (polypectomie, mucosectomie, dissection sous-muqueuse) en évitant la chirurgie jusqu’au stade de cancer superficiel.

Les cancers de l’œsophage et de l’estomac peuvent être dépistés mais également prévenus par l ‘exploration endoscopique (gastroscopie ou « fibro »). Les lésions précancéreuses (atrophie, métaplasie, dysplasie de bas grade) font l’objet de protocole de surveillance lorsqu’elles sont découvertes par réalisation de biopsies et les lésions plus évoluées (dysplasie de haut grade et cancer superficiels) peuvent être retirées au cours de l’endoscopie (mucosectomie ou dissection sous-muqueuses) en évitant la chirurgie et avec un taux de guérison proche de 100 %.

Grâce aux outils numériques, la Commission Dépistage et Prévention des Cancers Digestifs a pour objectif de réaliser et diffuser des supports d’informations qui permettront d’expliquer l’importance du diagnostic endoscopique des lésions précancéreuses et des cancers superficiels ainsi que leurs traitements qui permettront d’éviter un geste chirurgical et le plus souvent, de préserver l’organe. Les indications des examens endoscopiques doivent être bien connues. Les progrès des endoscopes de dernière génération permettent d’obtenir une image 
de qualité exceptionnelle permettant des diagnostics de lésions quasiment microscopiques. 
Les outils de traitements se sont développés ces dernières années (mucosectomie et dissection 
sous-muqueuse) afin de permettre des exérèses endoscopiques de qualité avec un risque très faible.

 L’endoscopie a donc un rôle majeur dans le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses et cancéreuses superficielles et permet une prévention majeure des cancers les plus fréquents dans notre pays. Ils permettent d’éviter des gestes chirurgicaux qui peuvent avoir des conséquences fonctionnelles importantes et définitives.

De E Vaillant
Président de la commission dépistage et prévention des cancers