A ce jour, il est trop tôt pour estimer l’impact de la vague liée au variant omicron sur notre système de soins, puisque nous ne disposons que de quelques indicateurs :
* Les premières données sud-africaines ajustées sur l’âge et le statut immunitaire qui indiquaient une possible réduction de la sévérité d’environ 70 % ne tenaient pas compte du statut vaccinal et se trouvaient donc peu fiables (1).
* Des données écossaises et britanniques plus récentes et ajustées sur le statut vaccinal et l’âge (car population plus jeune touchée, pour le moment) suggèrent une diminution du risque d’hospitalisation de l’ordre de 50 % (2)
Cependant ces données encourageantes ne doivent pas occulter la réalité de l’évolution de l’incidence. La vague liée au variant Omicron prend le relais de la vague Delta, dont le pic serait dépassé.
Le 22 décembre, 84 272 cas de Covid-19 ont été signalés en France, un record depuis le début de l’épidémie. Sur la semaine passée, le taux d’incidence a presque atteint 1000 /100 000 habitants à Paris, ce qui signifie en clair que près d’un Parisien sur 100 a été testé positif dans la semaine écoulée (3).
Ainsi, même si le risque de forme nécessitant une hospitalisation est probablement inférieur avec le nouveau variant, l’explosion de l’incidence conduira très probablement et rapidement à une saturation de notre système de soins.
Aussi, la SFED tient à rappeler que l’organisation des soins doit dès à présent être anticipée.
* L’activité d’endoscopie digestive nécessite des ressources anesthésiques matérielles et humaines.
* Le caractère majoritairement ambulatoire des actes a un faible impact sur les capacités d’hospitalisation. Aussi l’activité d’endoscopie doit être maintenue si les ressources en personnels ne sont pas appelées pour faire face a un surcroît d’activité lié à la prise en en charge des patients covid graves.
* Dans tous les cas, le maintien de la réalisation des actes urgents ou à forte perte de chance pour les patients doit être la règle et s’appuyer sur les recommandations déjà existantes :
https://www.sfed.org/article/adaptation-lactivite-dendoscopie-digestive-raison-lepidemie-covid-19
https://www.sfed.org/sites/www.sfed.org/files/2021-10/covid19endo_qr_delaicancero_0.pdf
* La déprogrammation d’une intervention doit être discutée et validée avec l’hépato-gastroentérologue en charge du patient.
* Toute déprogrammation doit être tracée et faire l’objet d’un recueil sur liste d’attente. La gestion de cette liste ne peut être de la seule responsabilité du praticien mais organisée par les cellules de crises et/ou les conseils de blocs.
* Le patient doit clairement être informé de la raison du report et de la procédure de nouvelle programmation.
Enfin la SFED rappelle qu’un schéma complet de vaccination de l’ensemble des soignants, des personnels, comme des patients, reste le meilleur moyen – associé aux mesures de protection – d’assurer une organisation optimale des soins et la sécurité de tous.
1. N. Wolter, et al. Early assessment of the clinical severity of the SARS-CoV-2 Omicron variant in South Africa, medRxiv, 2021.
2. N.Ferguson, et al. Hospitalisation risk for Omicron cases in England. Imperial College London. 2021.
3. G. Rozier. Covidtracker.fr